Bois-d'Haine a une fête carnavalesque qui de temps immémorial s'est perpétuée jusqu'à nos jours. Le caractère de la fête rappelle ces exhibitions burlesques dont le moyen âge avait le secret. Comme elles, elle a ses dignitaires, son maître de cérémonie, ses musiciens qui tous s'affublent d'un costume  plus ou moins grotesque.
Le samedi, veille de la fête communale, sur un char festonné de guirlandes et traîné par deux vigoureux chevaux apparaît une troupe de musiciens, escorté d'un maître de cérémonie, de dignitaires de différents rangs et de toute la jeunesse de l'endroit qui s'achemine dans des accoutrements bizarres et au son d'une joyeuse fanfare vers le bois de courrière (Familleureux).

Là un magnifique bouleau rapidement abattu est hissé sur le char et ramené triomphalement à Bois-d'Haine où, le soir même, il fera le plus bel ornement de la place.
Cette cérémonie n'est que le prélude des réjouissances dont Bois-d'Haine sera le théâtre le mardi suivant.
Ce jour là, dès l'aube, les jeunes gens dans des costumes où le bon goût n'a rien à voir, parcourent les communes environnantes, musique en tête, quêtant quelque offrande pour la fête du soir. L'escarcelle remplie à souhait, la bande joyeuse fait sa rentrée à Bois-d'Haine et se livre aussitôt aux apprêts d'un repas pantagruélique auquel le public est convié.

L'attente n'est pas longue et bientôt on voit se balancer aux branches d'un marronnier séculaire d'énormes marmites remplies de lait et de biscuits que les flammes d'un brasier ont rapidement surchauffées.
La soupe cuite à point, les marmites sont transportées au son de la musique, au milieu des cris de joie de la foule et des arquelinades sans nom des organisateurs, sur un kiosque élevé à proximité et la distribution commence.

Dire les poussées formidables, les cris, les hurlements dont cette distribution est accompagnée serait chose inénarrable, on s'en fera cependant une idée en songeant aux spectacles populaires de nos grandes villes.
Texte de Monsieur Harou daté de 1887.
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