Le moulin à vent se dressait sur la butte entre le Noir Cerisier
et la rue Basse (champs du moulin).
Endroit actuellement traversé par l'autoroute Mons-Charleroi. Il cessa toute activité en 1920 et fût supprimé du cadastre en 1925, date de sa démolition probable. |
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Le 2 avril 1740, pour payer la dot de sa fille Jeanne-Catherine
entrée au couvent des soeurs Recollectines de Binche, Baudouin Dupont,
"Censier à Bois-d'Haine", garantit les 130 livres à verser
annuellement sur la valeur de ses terres et de sa ferme. Cette dernière
s'élève le long de le route de Familleureux à Fayt,
adossée à la limite de Manage.
Les terres quant à elles consistent en différentes parcelles éparpillées à travers le village et couvrent ensemble 11 hectares et demi. Baudouin Dupont est donc propriétaire d'une grosse exploitation agricole pour l'époque, assurément l'une des plus étendue de la localité dont il a été par ailleurs, échevin. Or, dans la longue énumération de ces prés et labours, nous relevons les toponymes suivants qui attestent, la présence d'un moulin à Bois-d'Haine dès avant cette époque reculée. "item sur deux bonniers de terre sur le champ du moulin tenant à la veuve antoine Duvivier, à paul Bacq et aux hoirs Beuvier". "item sur le journel sur le champ du moulin tenant au chemin des flamens aux hoirs jean Gilboux et à pierre Hannequart ..." "item sur une rente de six livres eschéante au dit jour de Noël deue par le comparant sur trois journel de terre appelé la motte du Moulin tenant au chemin de carlerie et à nantoine Marcq ..." Un document de 1770 fait également allusion aux mêmes pièces de terre. Ou donc s'élevait ce moulin jadis juché sur sa motte, dont l'acte de 1740 ne mentionne plus que l'empreinte laissée dans la toponymie locale ? Divers recoupements nous autorisent prudemment à croire qu'il était situé à peu près à l'endroit du futur édifice en brique connu sous le nom de moulin de Bois-d'Haine que nous allons évoquer maintenant. Contrairement à l'opinion répandue, ce n'est donc nullement, ce dernier qui se trouve à l'origine de l'appellation "champ du moulin" qui subsiste de nos jours. Vers 1835, ce terrain appartenait à un certains Nicolas Quairiaux. Le 2 Mai de la même année, il est acquis par Marie-Louise Sibille, veuve de Benoît Favier. Encore jeune et déjà à la tête d'une nombreuse progéniture, au moins huit enfants, cette femme au caractère vraisemblablement bien trempé, y fait bâtir un moulin et une maison, vers 1840. La parcelle en question n'était guère étendue, 36 ares, et s'étalait le long du chemin de l'église, dans la direction de Besonrieux. Pour le situer dans un cadre actualisé, nous dirons qu'il s'élevait à l'endroit où la bretelle autoroutière reliant La louvière aux autoroutes de Wallonie et Paris-Mons-Bruxelles, coupe la rue Fernand Lalieux, au lieux-dit "Noir Cerisier". Le site est constitué d'une petite colline isolée, à l'altitude de 130 mètres seulement, mais bénéficiant néanmoins d'un environnement parfaitement dégagé et d'une bonne exposition. Le veuve Davier dirigea équitablement ses six fils vers deux professions précises : 3 firent carrière dans la confection et 3 dans la menuiserie. Antoine et jules étaient installés près de l'église de Manage et leur frère Augustin, tailleur comme eux, habitait Chapelle. Englebert, Emile et jérôme, de leur côté travaillaient au moulin mais seul le dernier demeura avec sa mère jusqu'à la vente de la propriété. Le 20 février 1864, au décès de Marie-Louise Sibille, les héritiers Favier vendirent "un moulin à vent, construit en briques, avec les ustensiles en général qui le composent et le font mouvoir, maison d'habitation, écurie, grange, appendices et dépendances et terrain y annexé" d'environ 36 ares correspondant aux parcelles cadastrales 398 a, b, c, d, de la section A de Bois-d'Haine, pour la somme de 9000 francs. Les acquéreurs sont un couple de meuniers de Seneffe, Félicien Debaix et Amélie Nitelet. Aucun des dix enfants des époux Debaix ne devait succéder à leur père, la plupart ayant opté pour un travail dans l'industrie régionale. Devenue veuve, Amélie Nitelet vendit donc le moulin et les bâtiments voisins, le 30 mai 1890, un quart de siècle environ après les avoir achetés. Ils échurent à François Rembaux, un propriétaire
de Besonrieux. Le document notarié sanctionnant cette cession, nous
apprend que le bien s'est considérablement dévalué
depuis 1864; le prix de vente n'est plus que de 7000 francs ! Il mentionne
aussi un détail intéressant concernant le moulin qui comprend
un "nettoyage" parmi les ustensiles qu'il referme.
Toutefois, ce Rembaux n'est pas n'importe qui. Né à
Familleureux le 14 mars 1852, ce fils d'agriculteur a établi un
moulin à vapeur à Besonrieux et a fait un beau mariage avec
une jeune fille nommée Sylvie Tamigniau dont les parents possèdent
une ferme assez cossue à Bornival, la "Cense de la Brique", et des
terres à Monstreux et Seneffe.
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Vers 1911, Rembaux loue le moulin à François
Tamigniau, habitant de Bois-d'Haine. Celui-ci a recours à un charpentier
de Tollembeek, Edmond Demartelaere pour dresser l'inventaire chiffré
des éléments constitutifs du mécanisme. L'énumération
qui en émane est extrêmement instructive et nous permet de
nous faire une idée aussi exacte que possible de l'état
du moulin, qui complète celle qui ressort de la photographie qui
est reproduite ci-dessus.
En savoir plus .../... |
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Le moulin fonctionnait toujours en 1918. Lors du retrait des troupes allemandes, le meunier fixa à la girouette un drapeau national qu'un soldat prussien s'efforça en vain de décrocher. Réelle ou imaginaire, cette anecdote patriotique est l'un des derniers souvenirs rapportés de sa période d'activité. La plupart des témoignages oraux recueillis concordent sur le moment de l'arrêt définitif de celle-ci. Il se situe entre 1920 et 1923. Cette dernière date coïncide du reste, avec la vente du moulin, de la maison avec ses dépendances et de la prairie, à Fernand Manet. Celui-ci, le fait est acquit, ne pratiqua jamais la profession de meunier mais bien celle de cultivateur. D'aucuns à Bois-d'Haine se souviennent très bien de la grange de cette petite ferme avec sa porte cochère et son jardin donnant tous deux sur la rue. Le moulin quant à lui, perdit d'abord ses ailes puis sa grande
carcasse
En 1964, le bien fut acquis par l'Eat Belge sur expropriation pour cause d'utilité publique. Les héritiers de Fernand Manet déménagèrent dans une autre ferme à la rue de Familleureux, qu'ils occupent encore. La démolition totale de leur ancien domicile précéda de peu l'ouverture de la voie rapide dont nous avons parlé plus haut. La maison du meunier rejoignait donc le moulin au rayon des souvenirs ... |
Texte de monsieur Joseph Strale, membre de la commission d'histoire de Manage. | ||
Moulin à vent | ||
Dernières modifications le 22 janvier 2001. |