Pour examiner ces faits extraordinaires qui se passaient
à Bois-d'Haine, l'évêque de Tournai, Monseigneur Labis,
forma une commission qui commença ses travaux dès le 4 septembre
1868. Les prêtre qui faisait partie de cette commission visitèrent
fréquemment Louise, l'interrogèrent, furent témoins
des stigmates, de l'extase du vendredi, ainsi que d'autres manifestations
surnaturelles. Ils furent bien d'accord pour voir dans ces événements
des faveurs divines. Seul un théologien, le Père Huchant,
d'abord favorable, changea d'avis et estima qu'il s'agissait de manifestations
diaboliques. Il donna sa démission et fut remplacé par un
autre théologien. La commission envoya des rapports détaillés
à l'évêque, mais on ne prit pas à l'époque
de décision officielle.
L'archevêque de Malines, le cardinal Dechamps, exprimait ainsi
son sentiment : "Les arbres se reconnaissent à leurs fruits.
Voler au secours des malades du choléra, se mettre généreusement
et constamment au service du prochain, obéir en tout avec promptitude,
souffrir avec un complet abandon, pratiquer toutes les vertus avec une
admirable humilité, ce ne sont pas les oeuvres du démon,
mais bien les oeuvres de Dieu. C'est pour ses bonnes oeuvres que Louise
est accusée de diabolisme. Comme Jésus-Christ est accusé
de chasser les démons au nom du prince des ténèbres,
ainsi Louise, aux yeux du Père Huchant, accomplit des actes héroïques
de charité par l'intervention du démon."
Dans une lettre à l'abbé Niels, le cardinal disait encore
: "Notre seigneur donne une preuve infaillible de la réalité
de son action sur les âmes. Seul il peut leur inspirer l'humble amour
des humiliations et des contradictions."
De la commission diocésaine faisait partie pour l'examen médical
le docteur Lefèbvre, professeur de l'université de Louvain
et membre de l'Académie Royale de Médecine de Belgique. Il
étudia longuement le cas de Louise Lateau. Il invita des médecins
croyants ou incroyants, belges et étrangers à visiter la
stigmatisée et à procéder à divers examens.
Ils furent nombreux à le faire (plus d'une centaine dit-on). Beaucoup
de ces médecins, dont le docteur Lefèbvre, affirmaient que
les faits dépassaient la science; d'autres admettaient les faits
qu'ils croyaient pouvoir expliquer, par exemple les stigmates, et niaient
tout simplement, malgré de nombreux témoignages, ceux qui
leurs paraissaient impossibles, comme le jeûne continuel. On ne pouvait
s'attendre à l'unanimité de la part de personnes d'opinions
philosophiques et religieuses différentes et au sujet d'événements
aussi mystérieux. |