La naissance de Louise fut suivie de bien des épreuves. Le
père mourut peu de temps après, le 18 avril 1850, de la variole.
La Mère fut souffrante et dut garder le lit pendant dix-huit mois,
si bien que la famille connut un profond dénuement. La petite Louise
elle-même avait contracté la maladie de son père et
manquait des soins les plus élémentaires que ne pouvait donner
sa mère alitée. Rosine s'activait de son mieux, mais la situation
la dépassait. Louise n'eût pas survécu si des personnes
charitables du voisinage, enfin alertées, n'étaient intervenues
pour soulager quelque peu les pauvres gens.
Après sa guérison, madame Lateau allait travailler en
journée pour nourrir sa famille. Elle ne recevait qu'un maigre salaire
et, durant des années, on eut souvent faim et froid dans la maison
des Lateau. Plus tard, Louise évoqua parfois ces souvenirs et une
de ses amies écrira : "Elle avouait un jour, avec une simplicité
charmante, qu'elle aurait volontiers, en ce temps-là, mangé
de la soupe et des pommes de terre comme les autres enfants.".
Louise connut donc, dans ses premières années, une grande
pauvreté. Elle fut en même temps éveillée aux
choses de Dieu par sa mère. Madame Lateau avait supporté
ses épreuves avec la patience que donne une foi sincère et
profonde; elle parlait à ses filles de la bonté de Dieu qui
prend soin des pauvres, qui les soutient dans leurs peines. Louise n'oublia
jamais ces premiers enseignements de sa mère : "Même étant
petite enfant, j'ai toujours ressenti quelque chose de particulier pour
la croix du Bon Dieu. Maman nous faisait souvent prier à genoux
devant le crucifix.". Elle apprit aussi à se dévouer
au service du prochain. A l'âge de huit ans, elle se rendait chaque
jour chez une femme âgée du voisinage pour l'aider dans son
ménage, lui donner des soins.
Louise ne fréquenta l'école que durant quelques mois.
Elle y apprit à lire, mais ne parvint à écrire que
plus tard, en regardant, disait-elle, comme les autres faisaient.
Elle suivit les cours de catéchisme pour se préparer
à la première communion. Là les choses allaient beaucoup
mieux; elle savait son catéchisme par coeur et le comprenait intelligemment.
Elle fut classée cinquième sur vingt communiantes. |